Des milliers de panneaux de signalisation routière se retrouvent aujourd’hui au premier rang de la bataille d’Israël pour faire table rase du patrimoine arabe sur la plus grande partie de la Terre sainte, selon des critiques tant d’Israël que du monde arabe.
Israel Katz, ministre des Transports, a annoncé cette semaine que les panneaux de signalisation de toutes les principales routes d’Israël, de Jérusalem-Est et peut-être de Cisjordanie, seraient « normalisés » par la conversion des noms anglais et arabes des lieux dans une translittération directe du nom hébreu
Israel Katz, ministre des Transports, a annoncé cette semaine que les panneaux de signalisation de toutes les principales routes d’Israël, de Jérusalem-Est et peut-être de Cisjordanie, seraient « normalisés » par la conversion des noms anglais et arabes des lieux dans une translittération directe du nom hébreu
Actuellement, les panneaux routiers indiquent le nom des lieux traditionnellement dans les trois langues.
Selon le futur projet, l’identité arabe des communautés palestiniennes importantes sera cachée : Jérusalem, ou « al Quds » en arabe, sera hébraïsée en « Yerushalayim » ; Nazareth, ou « al Nasra » en arabe, la ville de naissance de Jésus, deviendra « Natzrat » ; et Jaffa, le port qui a donné son nom aux oranges de Palestine, sera « Yafo ».
Les dirigeants arabes sont inquiets car le projet de Mr Katz donne un avant-goût de l’exigence de Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël, pour que les Palestiniens reconnaissent Israël en tant qu’Etat juif.
Mercredi, Mohammed Sabih, haut fonctionnaire de la Ligue arabe, a qualifié l’initiative de « raciste et dangereuse ».
« Cette décision fait partie d’une série de mesures en Israël qui visent à faire entrer dans les faits le slogan "Etat juif" ».
En attendant, les Palestiniens en Israël et à Jérusalem ont réagi avec inquiétude devant une politique qui, à leur avis, vise à les rendre de moins en moins visibles.
Pour Ahmed Tibi, député arabe au parlement israélien, « Le ministre Katz se trompe s’il pense que de changer quelques mots pourra effacer l’existence du peuple arabe ou son rapport à Israël. »
Le ministère des Transports n’a pas fait grand effort pour dissimuler sa motivation politique derrière cette décision d’hébraïser les panneaux de signalisation routière.
En annonçant ce changement lundi, Mr Katz, membre belliciste du Likoud, parti de droite de Mr Netanyahu, s’est dit opposé à l’usage par les Palestiniens du nom des communautés d’avant la création d’Israël en 1948.
« Je ne permettrai pas cela sur nos panneaux, » dit-il. « Ce gouvernement, et bien sûr ce ministre, ne permettra à personne de faire de la Jérusalem juive une al Quds palestinienne. »
Certains officiels israéliens ont minimisé la signification politique de la décision de Mr Katz. Un porte-parole du département Transport, Yeshaayahu Ronen, a déclaré : « L’absence d’une orthographe uniforme sur les panneaux est un problème pour ceux qui parlent des langues étrangères, les citoyens aussi bien que les touristes. »
« C’est ridicule, » répond Tareq Shehadeh, responsable de l’association de la culture et du tourisme à Nazareth. « Le ministre pense-t-il vraiment aider les touristes en remplaçant le nom de Nazareth, l’un des endroits les plus connus au monde, par celui de "Natzrat", un nom hébreu connu des seuls juifs israéliens ? »
Selon Meron Benvenisti, ancien maire adjoint de Jérusalem, Israël a commencé à traficoter avec les mots arabes des panneaux à Jérusalem-Est dès qu’il a occupé la ville en 1967. Il avait inventé un nouveau mot, « Urshalim », qui était censé être la forme arabe du mot hébreu pour Jérusalem, « Yerushalayim ».
« Je fais partie de ceux qui sont intervenus à l’époque pour obtenir que le mot "al Quds" soit ajouté sur les panneaux après le mot "Urshalim", séparé par un tiret. Mais au fil du temps, "al Quds" s’est retrouvé entre parenthèses et de nos jours, il n’apparaît même plus sur les nouveaux panneaux. »
Il ajoute que le projet de Mr Katz pourrait pousser ce processus plus loin encore en exigeant non seulement l’équivalent arabe du mot hébreu pour Jérusalem, [et non le nom arabe de la ville, al Quds - ndt] mais aussi la reproduction de l’orthographe hébraïque. « C’est totalement chauvin et une insulte, » dit-il.
Pour Meir Margalit, ancien conseiller de Jérusalem, la politique officielle consiste à rendre la population palestinienne à Jérusalem-Est aussi invisible que possible, notamment en ignorant ses quartiers sur de nombreux panneaux.
Les plans du ministre des Transports pour ce qui concerne la Cisjordanie sont moins clairs. Dans son annonce, Mr Katz a dit que les secteurs contrôlés par les Palestiniens ceux-ci resteraient libres d’utiliser leurs propres noms de lieux en arabe. Mais il a laissé entendre aussi que les panneaux dans les 60% de la Cisjordanie sous législation militaire israélienne seraient aussi hébraïsés.
Cela signifierait que les Palestiniens qui circulent depuis diverses régions de la Cisjordanie vers la ville de Naplouse, par exemple, devraient chercher le nom hébreu « Shechem », orthographié en arabe.
Mr Benvenisti dit qu’après la création d’Israël en 1948, une commission de la nomination des lieux a été chargée d’effacer des milliers de noms arabes, notamment des noms de collines, de vallées et de sources, et de créer des noms hébreux. Le premier Premier ministre du pays, David Ben Gurion, avait indiqué à cette commission : « Nous sommes obligés de supprimer les noms arabes pour des raisons d’Etat. »
En outre, les noms arabes de plus de 400 villages palestiniens détruits par Israël durant et après la guerre de 1948 ont été effacés pendant que des communautés juives s’emparaient de ces villages.
La minorité palestinienne survivant en Israël, le cinquième de la population d’aujourd’hui, a dû se battre devant les tribunaux pour l’inclusion de l’arabe sur les panneaux de signalisation routière, alors que l’arabe est une langue officielle.
Beaucoup de panneaux sur les routes nationales étaient fournis simplement en hébreu et en anglais jusqu’à ce que plusieurs décisions de tribunaux, en 1999, demandent que l’arabe y soit mentionné. Trois ans plus tard, les tribunaux jugeaient que l’arabe devait être inclus sur les panneaux dans les villes où existait un nombre important d’Arabes.
Toutefois, alors que le climat politique virait à droite en Israël, il y eut une réaction violente, notamment une tentative vaine de la part de députés pour qu’il soit mis fin au statut arabe comme langue officielle, l’année dernière.
Récemment, les médias israéliens ont révélé que les groupes nationalistes avaient effacé à la bombe tous les noms arabes sur les panneaux routiers, spécialement dans le secteur de Jérusalem.
Israël a défié aussi les Palestiniens tant en Israël qu’en Cisjordanie en nommant les rues du nom de personnalités de droites.
La principale route de la vallée du Jourdain, qui traverse le territoire palestinien mais qui est utilisée par les Israéliens pour se déplacer entre le nord d’Israël et Jérusalem, cette route a été appelée « Rue de Gandhi » - non pas du nom du dirigeant spirituel indien, mais du surnom d’un général israélien, Rehavam Zeevi, qui appelait à l’expulsion des Palestiniens du Grand Israël.
Selon le futur projet, l’identité arabe des communautés palestiniennes importantes sera cachée : Jérusalem, ou « al Quds » en arabe, sera hébraïsée en « Yerushalayim » ; Nazareth, ou « al Nasra » en arabe, la ville de naissance de Jésus, deviendra « Natzrat » ; et Jaffa, le port qui a donné son nom aux oranges de Palestine, sera « Yafo ».
Les dirigeants arabes sont inquiets car le projet de Mr Katz donne un avant-goût de l’exigence de Benjamin Netanyahu, Premier ministre d’Israël, pour que les Palestiniens reconnaissent Israël en tant qu’Etat juif.
Mercredi, Mohammed Sabih, haut fonctionnaire de la Ligue arabe, a qualifié l’initiative de « raciste et dangereuse ».
« Cette décision fait partie d’une série de mesures en Israël qui visent à faire entrer dans les faits le slogan "Etat juif" ».
En attendant, les Palestiniens en Israël et à Jérusalem ont réagi avec inquiétude devant une politique qui, à leur avis, vise à les rendre de moins en moins visibles.
Pour Ahmed Tibi, député arabe au parlement israélien, « Le ministre Katz se trompe s’il pense que de changer quelques mots pourra effacer l’existence du peuple arabe ou son rapport à Israël. »
Le ministère des Transports n’a pas fait grand effort pour dissimuler sa motivation politique derrière cette décision d’hébraïser les panneaux de signalisation routière.
En annonçant ce changement lundi, Mr Katz, membre belliciste du Likoud, parti de droite de Mr Netanyahu, s’est dit opposé à l’usage par les Palestiniens du nom des communautés d’avant la création d’Israël en 1948.
« Je ne permettrai pas cela sur nos panneaux, » dit-il. « Ce gouvernement, et bien sûr ce ministre, ne permettra à personne de faire de la Jérusalem juive une al Quds palestinienne. »
Certains officiels israéliens ont minimisé la signification politique de la décision de Mr Katz. Un porte-parole du département Transport, Yeshaayahu Ronen, a déclaré : « L’absence d’une orthographe uniforme sur les panneaux est un problème pour ceux qui parlent des langues étrangères, les citoyens aussi bien que les touristes. »
« C’est ridicule, » répond Tareq Shehadeh, responsable de l’association de la culture et du tourisme à Nazareth. « Le ministre pense-t-il vraiment aider les touristes en remplaçant le nom de Nazareth, l’un des endroits les plus connus au monde, par celui de "Natzrat", un nom hébreu connu des seuls juifs israéliens ? »
Selon Meron Benvenisti, ancien maire adjoint de Jérusalem, Israël a commencé à traficoter avec les mots arabes des panneaux à Jérusalem-Est dès qu’il a occupé la ville en 1967. Il avait inventé un nouveau mot, « Urshalim », qui était censé être la forme arabe du mot hébreu pour Jérusalem, « Yerushalayim ».
« Je fais partie de ceux qui sont intervenus à l’époque pour obtenir que le mot "al Quds" soit ajouté sur les panneaux après le mot "Urshalim", séparé par un tiret. Mais au fil du temps, "al Quds" s’est retrouvé entre parenthèses et de nos jours, il n’apparaît même plus sur les nouveaux panneaux. »
Il ajoute que le projet de Mr Katz pourrait pousser ce processus plus loin encore en exigeant non seulement l’équivalent arabe du mot hébreu pour Jérusalem, [et non le nom arabe de la ville, al Quds - ndt] mais aussi la reproduction de l’orthographe hébraïque. « C’est totalement chauvin et une insulte, » dit-il.
Pour Meir Margalit, ancien conseiller de Jérusalem, la politique officielle consiste à rendre la population palestinienne à Jérusalem-Est aussi invisible que possible, notamment en ignorant ses quartiers sur de nombreux panneaux.
Les plans du ministre des Transports pour ce qui concerne la Cisjordanie sont moins clairs. Dans son annonce, Mr Katz a dit que les secteurs contrôlés par les Palestiniens ceux-ci resteraient libres d’utiliser leurs propres noms de lieux en arabe. Mais il a laissé entendre aussi que les panneaux dans les 60% de la Cisjordanie sous législation militaire israélienne seraient aussi hébraïsés.
Cela signifierait que les Palestiniens qui circulent depuis diverses régions de la Cisjordanie vers la ville de Naplouse, par exemple, devraient chercher le nom hébreu « Shechem », orthographié en arabe.
Mr Benvenisti dit qu’après la création d’Israël en 1948, une commission de la nomination des lieux a été chargée d’effacer des milliers de noms arabes, notamment des noms de collines, de vallées et de sources, et de créer des noms hébreux. Le premier Premier ministre du pays, David Ben Gurion, avait indiqué à cette commission : « Nous sommes obligés de supprimer les noms arabes pour des raisons d’Etat. »
En outre, les noms arabes de plus de 400 villages palestiniens détruits par Israël durant et après la guerre de 1948 ont été effacés pendant que des communautés juives s’emparaient de ces villages.
La minorité palestinienne survivant en Israël, le cinquième de la population d’aujourd’hui, a dû se battre devant les tribunaux pour l’inclusion de l’arabe sur les panneaux de signalisation routière, alors que l’arabe est une langue officielle.
Beaucoup de panneaux sur les routes nationales étaient fournis simplement en hébreu et en anglais jusqu’à ce que plusieurs décisions de tribunaux, en 1999, demandent que l’arabe y soit mentionné. Trois ans plus tard, les tribunaux jugeaient que l’arabe devait être inclus sur les panneaux dans les villes où existait un nombre important d’Arabes.
Toutefois, alors que le climat politique virait à droite en Israël, il y eut une réaction violente, notamment une tentative vaine de la part de députés pour qu’il soit mis fin au statut arabe comme langue officielle, l’année dernière.
Récemment, les médias israéliens ont révélé que les groupes nationalistes avaient effacé à la bombe tous les noms arabes sur les panneaux routiers, spécialement dans le secteur de Jérusalem.
Israël a défié aussi les Palestiniens tant en Israël qu’en Cisjordanie en nommant les rues du nom de personnalités de droites.
La principale route de la vallée du Jourdain, qui traverse le territoire palestinien mais qui est utilisée par les Israéliens pour se déplacer entre le nord d’Israël et Jérusalem, cette route a été appelée « Rue de Gandhi » - non pas du nom du dirigeant spirituel indien, mais du surnom d’un général israélien, Rehavam Zeevi, qui appelait à l’expulsion des Palestiniens du Grand Israël.
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