Gaza est revenue à son état de siège pré-massacre, confrontée à l’indifférence conspirationnelle et « internationale » habituelle, après 22 longs jours et sombres nuits, au cours desquels sa population courageuse a été laissée seule face à l’une des armées les plus puissantes au monde – une armée qui possède des centaines de têtes nucléaires, des milliers de soldats à la gâchette facile armés de chars Merkava, de F-16, d’hélicoptères Apache, de navires de guerre et de bombes au phosphore.
Aujourd’hui, Gaza ne fait plus les unes. Sa population se meurt lentement, ses enfants sont dénutris, son eau est contaminée, ses nuits sont sombres, et elle est même privée d’un mot de sympathie de gens comme Ban Ki Moon ou le président du "changement-Yes-we-can".
Israël n’aurait pas pu mener sa guerre génocidaire, précédée et suivie d’un siège médiéval et hermétique, sans le feu vert de la communauté internationale. Pendant le massacre, un soldat israélien a fait cette remarque : « C’est ça qui est si chouette, à Gaza : vous voyez quelqu'un qui marche le long d’une route. Il n’a même pas besoin d’être armé, vous n’avez même pas besoin de l’identifier avec quoi que ce soit, et vous pouvez juste lui tirer dessus. »
Quand Israël-apartheid a décidé d’attaquer le nord de la Bande de Gaza à la fin février – début mars 2008, le vice-ministre de la guerre de l’époque, Matan Vilnaii, nous a menacés d’une shoah plus importante. Environ 164 Palestiniens, dont 64 enfants, ont été tués. Quelle fut la réaction de la communauté internationale ? Absolument rien. En fait, l’Union Européenne a décidé de récompenser l’oppresseur en faisant part de son intention d’améliorer ses accords commerciaux avec Israël, déclarations qui, inutile de le préciser, ont servi de feu vert aux atrocités en cours.
Le dimanche 18 janvier, le Premier ministre d’Israël Olmert, un criminel de guerre selon tous les standards, a exprimé sa satisfaction à six dirigeants européens pour leur « extraordinaire soutien de l’Etat d’Israël et leurs préoccupations sur sa sécurité. »
Rétrospectivement, le rehaussement des relations entre l’Union Européenne et Israël début décembre 2008 fut le feu vert pour le plus grand massacre de Gaza en 2009. En dépit des crimes commis par les forces israéliennes d’occupation, et en dépit du caractère fasciste évident du gouvernement actuel, l’Union Européenne continuera à renforcer les relations bilatérales avec Tel Aviv.
Dans ce contexte, le combattant pacifiste anti-apartheid Ronnie Kasrils dit :
« Ce que [Hendrik] Verwoerd [l'architecte de l'apartheid] admirait aussi était l'impunité avec laquelle Israël a exercé la violence d'Etat et la terreur pour faire son chemin, sans entrave de la part de ses alliés occidentaux, et parmi eux, l’allié de plus en plus central, les Etats-Unis. Ce que Verwoerd et ce genre de personnes en sont venus à admirer au sujet d’Israël (…), c’était la façon dont les puissances occidentales ont permis à un Israël impérialiste de se servir de son armée déchaînée en toute impunité pour agrandir son territoire et contenir la marée naissante du nationalisme arabe autour de lui. »
Mars 2008 fut, alors, une répétition avant Gaza 2009. Israël savait qu’il pourrait continuer à perpétrer ses crimes de guerre, totalement couvert par la conspiration internationale du silence. La communauté internationale n’avait pas réagi en mars 2008 : pourquoi ferait-elle différemment en 2009 ? C’était la logique israélienne, et elle demeure la même. Faites attention, le Ministre fasciste des Affaires étrangères d’Israël est d’avis que Gaza aurait dû être atomisée. Pas étonnant qu’Adolf Hitler ait dit un jour : « Quelle chance pour les dirigeants que les hommes ne pensent pas ! »
Pour ceux qui nous accusent de souscrire aux théories de la conspiration, nous avons cet aide-mémoire : en 2004, le professeur israélien Arnon Soffer, directeur du Collège de la Défense Nationale de l’armée israélienne d’occupation, et un conseiller d’Ariel Sharon, a détaillé les résultats désirés du désengagement unilatéral d’Israël de la Bande de Gaza, lors d’un entretien au Jerusalem Post :
« (…) Quand 1,5 million de personnes vivront dans une Gaza complètement bouclée, ça va être une catastrophe humaine. Ces gens deviendront encore plus bestiaux qu’ils ne le sont aujourd’hui (…). La pression à la frontière sera terrible. Ca sera une guerre épouvantable. Aussi, si nous voulons rester en vie, nous devrons tuer et tuer et tuer. Toute la journée, tous les jours (…). Si nous ne tuons pas, nous cesserons d’exister (…). La séparation unilatérale ne garantit pas la ‘paix’ – elle garantit un Etat juif sioniste avec une majorité écrasante de Juifs (…). »
Puis il y a l’opinion carrément exprimée en 2002 par le chef d’Etat-major de l’époque, le Général Moshe Yaalon, qui, à mon avis, résume l’objectif du siège médiéval hermétique et du massacre : « Il faut arriver à faire comprendre aux Palestiniens, au plus profond de leur conscience, qu’ils sont un peuple vaincu. »
Maintenant, c’est une déshumanisation totale des Palestiniens de Gaza. Et vous, les Cisjordaniens, voici un message pour vous : vous feriez mieux d’accepter votre sort de cancrelats, prêts à être écraser de votre plein gré sous la botte d’un soldat israélien fanatique, et c’est tout.
La ressemblance de la campagne de haine raciste tribale d’Israël avec celle de l’Afrique du Sud de l’Apartheid et celle du régime meurtrier d’Hitler a récemment été articulée par le Camarade Kasrils :
« Nous Sud-Africains pouvons certainement identifier la cause pathologique, qui attise la haine, de l’élite politico-militaire d’Israël et de la population en général. Comme il est facile, pour quiconque est familier de l’histoire coloniale, de comprendre la manière dont la haine raciale délibérément cultivée inculque une justification pour les actions les plus atroces et les plus inhumaines même contre des civils sans défense – femmes, enfants, personnes âgées. En fait, n’est-ce pas cette idéologie raciste pathologique qui a attisé la soif de guerre d’Hitler et la mise en œuvre de l’Holocauste ? »
En fait, s’il y a quelque chose à apprendre de Gaza 2009, c’est que le monde avait absolument tort de penser que le nazisme a été vaincu en 1945. Le nazisme a gagné parce qu’il a finalement réussi à nazifier la conscience de ses propres victimes ! Pensez à l’épisode des T-shirts des soldats. Le courageux journaliste israélien Gideon Levy a écrit qu’Israël aujourd’hui ressemble beaucoup à l’Allemagne de 1933.
Mais maintenant, la question urgente est : comment tenir Israël pour responsable selon le droit international et les principes fondamentaux des droits de l’homme pour prévenir l’escalade imminente ? Dans ce contexte, les questions les plus immédiates et pressantes sont : en quoi peut consister la solidarité internationale et comment peut-elle soutenir au mieux la lutte palestinienne pour l’autodétermination ?
Le régime sud-africain d’apartheid a été soumis à une pression répétée de la communauté internationale et des organismes multilatéraux comme le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, qui a voté des résolutions innombrables contre lui à cause de son traitement inhumain de la population noire. Cela a donné aux opprimés l’aide dont ils avaient tant besoin, alors qu’aujourd’hui, nous sommes privés même de ce minuscule réconfort parce que les Etats Unis continuent d’utiliser leur veto pour garantir qu’Israël échappe à la censure de l’organe mondial.
L'opposition de la base populaire à un apartheid brutal a finalement obligé les Etats-Unis et le Royaume-Uni et d'autres gouvernements dans le monde entier à isoler l'Afrique du Sud de l’apartheid. Ils ne l’auraient pas fait sans la pression exercée sur eux par leur propre peuple. Israël doit être isolé d'exactement la même façon que l'Afrique du Sud de l’apartheid. Il y a aujourd’hui en Palestine une lutte de masse croissante, comme d’autres formes de lutte, exactement comme ce fut le cas en Afrique du Sud de l’apartheid. Un mouvement de solidarité internationale grandissant, avec un ordre du jour commun peut faire résonner la lutte pour la Palestine dans chaque pays du monde, fermant ainsi le monde aux Israéliens jusqu’à ce qu’ils l’ouvrent aux Palestiniens.
Aujourd’hui, notre objectif, en tant qu’organisations de la société civile, est de lever le siège hermétique mortel imposé à Gaza, qui cause un génocide lent ; marcher vers les six portes de la prison de Gaza a été tenté, et doit être intensifié. C’est ce que de nombreux activistes, palestiniens et internationaux, envisagent de faire. Notre campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) modélisée sur la campagne mondiale anti-apartheid sud-africaine gagne de l’ampleur comme mouvement démocratique basé sur la lutte pour les droits de l’homme et l’application du droit international. Notre lutte n’est PAS religieuse, ni ethnique, ni raciale, mais plutôt universelle : une lutte qui garantisse la ré-humanisation de notre peuple en face de la machine génocidaire dirigée par ce que Moshe Dayan aurait appelé « un chien fou ».
Les Palestiniens de Gaza ont perdu espoir dans le « processus de paix » qui a échoué, et la solution à Deux Etats, d’où le besoin désespéré d’un programme national nouveau qui puisse mobiliser les masses ; un programme qui soit de nature nécessairement démocratique ; un programme qui respecte la résistance sous des différentes formes et, enfin, qui garantisse la paix avec la justice.
Ce programme nouveau, tellement nécessaire, doit cependant faire le lien entre toutes les luttes palestiniennes : l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie, la discrimination basée sur l’ethnicité et les violations des droits de plus d’un million de citoyens palestiniens, ainsi que les réfugiés déplacés à l’extérieur en 1948.
Ce que l’on nous dit constamment, c’est d’accepter l’occupation israélienne sous sa forme la plus laide, c’est-à-dire la présence continue du mur d’apartheid, des colonies, des checkpoints, des routes en zig-zag, des plaques d’immatriculation aux couleurs codées, les démolitions de maisons et la coordination sécuritaire supervisée par un général américain à la retraite – ou se voir imposer un siège médiéval hermétique, et continuer à mourir avec dignité.
Mais la leçon que nous enseigne Gaza 2009, exactement comme Sharpville 1960, est d’exploiter tous les efforts pour combattre les résultats des Accords d’Oslo, et de former un Front Uni sur une plateforme de résistance et de réformes. Cela ne peut être réalisé sans prendre conscience que les ministères, les premiers ministres et les présidents à Gaza et à Ramallah sont une façade ne ressemblant pas à ces structures inauthentiques dans les bantoustans indépendants sud-africains. Dans une nouvelle de l’auteur sud-africain Najbuolu Ndebel, une jeune femme noire commente l’offre généreuse offerte par le gouvernement blanc raciste : « C’est comme ça que c’est planifié. Qu’on nous donne un peu de tout, et que nous tenions tellement à ce peu que nous en oublions la LIBERTE. »
C’est exactement ce que Steve Biko, le héros de la lutte anti-apartheid – qui a payé de sa vie la liberté pour tous les sud-africains – exprimait quand il disait :
« Non seulement les blancs sont coupables d’être les agresseurs, mais par quelques manœuvres habiles, ils ont réussi à contrôler les réponses des noirs à la provocation. Non seulement ils ont frappé le noir, mais ils lui ont aussi dit comment réagir aux coups. Pendant une longue période, le noir a patiemment écouté les conseils qu’ils avaient reçus sur la manière de répondre aux coups. Avec une lenteur douloureuse, il commence maintenant à montrer des signes que c’est son droit et son devoir de répondre aux coups de la manière qui lui convient. »
Et nous, Palestiniens, nous avons décidé de répondre aux coups sionistes de la façon qui nous sied. Dans l’histoire de Ndebel citée plus haut, un intellectuel noir précise qu’« il préfèrerait être un chien affamé qui court librement dans les rues qu’un chien gras enchaîné, encombré de lui-même et du poids de ses chaînes. » Ces exemples, utilisés encore et encore dans la littérature anti-apartheid, résument les leçons que nous avons apprises de Gaza 2009. En un mot, c’est la résilience.
L’Archevêque Desmund Tutu d’Afrique du Sud a dit, dans sa sagesse si souvent citée : « Si vous êtes neutres dans des situations d’injustice, vous avez choisi le camp de l’oppresseur. » Et comme je l’ai dit dans un article précédent, alors que les forces israéliennes d’occupation bombardaient mon quartier, les Nations Unies, l’Union Européenne, la Ligue Arabe et la communauté internationale proche et lointaine sont restées silencieuses face aux atrocités commises par Israël apartheid. Elles sont donc du côté d’Israël. Des centaines de cadavres d’enfants et de femmes n’ont pas réussi à les convaincre d’intervenir.
Il ne nous reste donc qu’une option, une option qui n’attende pas le Conseil de Sécurité des Nations Unies ou les sommes arabes : l’option du pouvoir du peuple, comme nous ne cessons de le répéter. C’est le seul pouvoir capable de contrebalancer le déséquilibre de pouvoir massif du conflit israélo-palestinien.
L’horreur du régime raciste d’apartheid en Afrique du Sud a été combattue par une campagne soutenue de boycott, désinvestissement et sanctions amorcée en 1958, et qui a une accélération en 1960 après le Massacre de Sharpeville. Cette campagne a finalement abouti à l’effondrement du gouvernement blanc en 1994 et à l’établissement d’un Etat démocratique multiracial.
De la même manière, l’appel palestinien au boycott, au désinvestissement et aux sanctions a gagné du terrain depuis 2005. Gaza 2009, comme Sharpeville 1960, ne peut pas être ignoré : il exige une réponse de tous ceux qui croient en une commune humanité. Il est maintenant temps de boycotter l’Etat d’apartheid d’Israël, de désinvestir et de lui imposer des sanctions. C’est la seule façon d’assurer la création d’un Etat démocratique et laïque sur toute la Palestine historique, indépendamment de la race, de la religion et de l’appartenance ethnique. Le journaliste australien John Pilger l’a dit :
« Ce qui se passe à Gaza est le moment clé de notre temps, qui soit garantira l’impunité aux criminels de guerre par notre silence, pendant que nous tordrons nos propres intelligence et moralité, soit nous donnera le pouvoir de dénoncer. »
Gaza 2009, avec la mobilisation de masse et la solidarité internationale, devient donc le flambeau directeur, non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour le monde arabe, vers un nouveau Moyen Orient, un qui sera, contrairement à celui de Condoleezza Rice, caractérisé par la démocratie et la liberté. C’est au moins à cela que notre résistance à l’extrémisme religieux, la xénophobie et les positions mondiales tribales doit conduire.
Aujourd’hui, Gaza ne fait plus les unes. Sa population se meurt lentement, ses enfants sont dénutris, son eau est contaminée, ses nuits sont sombres, et elle est même privée d’un mot de sympathie de gens comme Ban Ki Moon ou le président du "changement-Yes-we-can".
Israël n’aurait pas pu mener sa guerre génocidaire, précédée et suivie d’un siège médiéval et hermétique, sans le feu vert de la communauté internationale. Pendant le massacre, un soldat israélien a fait cette remarque : « C’est ça qui est si chouette, à Gaza : vous voyez quelqu'un qui marche le long d’une route. Il n’a même pas besoin d’être armé, vous n’avez même pas besoin de l’identifier avec quoi que ce soit, et vous pouvez juste lui tirer dessus. »
Quand Israël-apartheid a décidé d’attaquer le nord de la Bande de Gaza à la fin février – début mars 2008, le vice-ministre de la guerre de l’époque, Matan Vilnaii, nous a menacés d’une shoah plus importante. Environ 164 Palestiniens, dont 64 enfants, ont été tués. Quelle fut la réaction de la communauté internationale ? Absolument rien. En fait, l’Union Européenne a décidé de récompenser l’oppresseur en faisant part de son intention d’améliorer ses accords commerciaux avec Israël, déclarations qui, inutile de le préciser, ont servi de feu vert aux atrocités en cours.
Le dimanche 18 janvier, le Premier ministre d’Israël Olmert, un criminel de guerre selon tous les standards, a exprimé sa satisfaction à six dirigeants européens pour leur « extraordinaire soutien de l’Etat d’Israël et leurs préoccupations sur sa sécurité. »
Rétrospectivement, le rehaussement des relations entre l’Union Européenne et Israël début décembre 2008 fut le feu vert pour le plus grand massacre de Gaza en 2009. En dépit des crimes commis par les forces israéliennes d’occupation, et en dépit du caractère fasciste évident du gouvernement actuel, l’Union Européenne continuera à renforcer les relations bilatérales avec Tel Aviv.
Dans ce contexte, le combattant pacifiste anti-apartheid Ronnie Kasrils dit :
« Ce que [Hendrik] Verwoerd [l'architecte de l'apartheid] admirait aussi était l'impunité avec laquelle Israël a exercé la violence d'Etat et la terreur pour faire son chemin, sans entrave de la part de ses alliés occidentaux, et parmi eux, l’allié de plus en plus central, les Etats-Unis. Ce que Verwoerd et ce genre de personnes en sont venus à admirer au sujet d’Israël (…), c’était la façon dont les puissances occidentales ont permis à un Israël impérialiste de se servir de son armée déchaînée en toute impunité pour agrandir son territoire et contenir la marée naissante du nationalisme arabe autour de lui. »
Mars 2008 fut, alors, une répétition avant Gaza 2009. Israël savait qu’il pourrait continuer à perpétrer ses crimes de guerre, totalement couvert par la conspiration internationale du silence. La communauté internationale n’avait pas réagi en mars 2008 : pourquoi ferait-elle différemment en 2009 ? C’était la logique israélienne, et elle demeure la même. Faites attention, le Ministre fasciste des Affaires étrangères d’Israël est d’avis que Gaza aurait dû être atomisée. Pas étonnant qu’Adolf Hitler ait dit un jour : « Quelle chance pour les dirigeants que les hommes ne pensent pas ! »
Pour ceux qui nous accusent de souscrire aux théories de la conspiration, nous avons cet aide-mémoire : en 2004, le professeur israélien Arnon Soffer, directeur du Collège de la Défense Nationale de l’armée israélienne d’occupation, et un conseiller d’Ariel Sharon, a détaillé les résultats désirés du désengagement unilatéral d’Israël de la Bande de Gaza, lors d’un entretien au Jerusalem Post :
« (…) Quand 1,5 million de personnes vivront dans une Gaza complètement bouclée, ça va être une catastrophe humaine. Ces gens deviendront encore plus bestiaux qu’ils ne le sont aujourd’hui (…). La pression à la frontière sera terrible. Ca sera une guerre épouvantable. Aussi, si nous voulons rester en vie, nous devrons tuer et tuer et tuer. Toute la journée, tous les jours (…). Si nous ne tuons pas, nous cesserons d’exister (…). La séparation unilatérale ne garantit pas la ‘paix’ – elle garantit un Etat juif sioniste avec une majorité écrasante de Juifs (…). »
Puis il y a l’opinion carrément exprimée en 2002 par le chef d’Etat-major de l’époque, le Général Moshe Yaalon, qui, à mon avis, résume l’objectif du siège médiéval hermétique et du massacre : « Il faut arriver à faire comprendre aux Palestiniens, au plus profond de leur conscience, qu’ils sont un peuple vaincu. »
Maintenant, c’est une déshumanisation totale des Palestiniens de Gaza. Et vous, les Cisjordaniens, voici un message pour vous : vous feriez mieux d’accepter votre sort de cancrelats, prêts à être écraser de votre plein gré sous la botte d’un soldat israélien fanatique, et c’est tout.
La ressemblance de la campagne de haine raciste tribale d’Israël avec celle de l’Afrique du Sud de l’Apartheid et celle du régime meurtrier d’Hitler a récemment été articulée par le Camarade Kasrils :
« Nous Sud-Africains pouvons certainement identifier la cause pathologique, qui attise la haine, de l’élite politico-militaire d’Israël et de la population en général. Comme il est facile, pour quiconque est familier de l’histoire coloniale, de comprendre la manière dont la haine raciale délibérément cultivée inculque une justification pour les actions les plus atroces et les plus inhumaines même contre des civils sans défense – femmes, enfants, personnes âgées. En fait, n’est-ce pas cette idéologie raciste pathologique qui a attisé la soif de guerre d’Hitler et la mise en œuvre de l’Holocauste ? »
En fait, s’il y a quelque chose à apprendre de Gaza 2009, c’est que le monde avait absolument tort de penser que le nazisme a été vaincu en 1945. Le nazisme a gagné parce qu’il a finalement réussi à nazifier la conscience de ses propres victimes ! Pensez à l’épisode des T-shirts des soldats. Le courageux journaliste israélien Gideon Levy a écrit qu’Israël aujourd’hui ressemble beaucoup à l’Allemagne de 1933.
Mais maintenant, la question urgente est : comment tenir Israël pour responsable selon le droit international et les principes fondamentaux des droits de l’homme pour prévenir l’escalade imminente ? Dans ce contexte, les questions les plus immédiates et pressantes sont : en quoi peut consister la solidarité internationale et comment peut-elle soutenir au mieux la lutte palestinienne pour l’autodétermination ?
Le régime sud-africain d’apartheid a été soumis à une pression répétée de la communauté internationale et des organismes multilatéraux comme le Conseil de Sécurité des Nations-Unies, qui a voté des résolutions innombrables contre lui à cause de son traitement inhumain de la population noire. Cela a donné aux opprimés l’aide dont ils avaient tant besoin, alors qu’aujourd’hui, nous sommes privés même de ce minuscule réconfort parce que les Etats Unis continuent d’utiliser leur veto pour garantir qu’Israël échappe à la censure de l’organe mondial.
L'opposition de la base populaire à un apartheid brutal a finalement obligé les Etats-Unis et le Royaume-Uni et d'autres gouvernements dans le monde entier à isoler l'Afrique du Sud de l’apartheid. Ils ne l’auraient pas fait sans la pression exercée sur eux par leur propre peuple. Israël doit être isolé d'exactement la même façon que l'Afrique du Sud de l’apartheid. Il y a aujourd’hui en Palestine une lutte de masse croissante, comme d’autres formes de lutte, exactement comme ce fut le cas en Afrique du Sud de l’apartheid. Un mouvement de solidarité internationale grandissant, avec un ordre du jour commun peut faire résonner la lutte pour la Palestine dans chaque pays du monde, fermant ainsi le monde aux Israéliens jusqu’à ce qu’ils l’ouvrent aux Palestiniens.
Aujourd’hui, notre objectif, en tant qu’organisations de la société civile, est de lever le siège hermétique mortel imposé à Gaza, qui cause un génocide lent ; marcher vers les six portes de la prison de Gaza a été tenté, et doit être intensifié. C’est ce que de nombreux activistes, palestiniens et internationaux, envisagent de faire. Notre campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) modélisée sur la campagne mondiale anti-apartheid sud-africaine gagne de l’ampleur comme mouvement démocratique basé sur la lutte pour les droits de l’homme et l’application du droit international. Notre lutte n’est PAS religieuse, ni ethnique, ni raciale, mais plutôt universelle : une lutte qui garantisse la ré-humanisation de notre peuple en face de la machine génocidaire dirigée par ce que Moshe Dayan aurait appelé « un chien fou ».
Les Palestiniens de Gaza ont perdu espoir dans le « processus de paix » qui a échoué, et la solution à Deux Etats, d’où le besoin désespéré d’un programme national nouveau qui puisse mobiliser les masses ; un programme qui soit de nature nécessairement démocratique ; un programme qui respecte la résistance sous des différentes formes et, enfin, qui garantisse la paix avec la justice.
Ce programme nouveau, tellement nécessaire, doit cependant faire le lien entre toutes les luttes palestiniennes : l’occupation de Gaza et de la Cisjordanie, la discrimination basée sur l’ethnicité et les violations des droits de plus d’un million de citoyens palestiniens, ainsi que les réfugiés déplacés à l’extérieur en 1948.
Ce que l’on nous dit constamment, c’est d’accepter l’occupation israélienne sous sa forme la plus laide, c’est-à-dire la présence continue du mur d’apartheid, des colonies, des checkpoints, des routes en zig-zag, des plaques d’immatriculation aux couleurs codées, les démolitions de maisons et la coordination sécuritaire supervisée par un général américain à la retraite – ou se voir imposer un siège médiéval hermétique, et continuer à mourir avec dignité.
Mais la leçon que nous enseigne Gaza 2009, exactement comme Sharpville 1960, est d’exploiter tous les efforts pour combattre les résultats des Accords d’Oslo, et de former un Front Uni sur une plateforme de résistance et de réformes. Cela ne peut être réalisé sans prendre conscience que les ministères, les premiers ministres et les présidents à Gaza et à Ramallah sont une façade ne ressemblant pas à ces structures inauthentiques dans les bantoustans indépendants sud-africains. Dans une nouvelle de l’auteur sud-africain Najbuolu Ndebel, une jeune femme noire commente l’offre généreuse offerte par le gouvernement blanc raciste : « C’est comme ça que c’est planifié. Qu’on nous donne un peu de tout, et que nous tenions tellement à ce peu que nous en oublions la LIBERTE. »
C’est exactement ce que Steve Biko, le héros de la lutte anti-apartheid – qui a payé de sa vie la liberté pour tous les sud-africains – exprimait quand il disait :
« Non seulement les blancs sont coupables d’être les agresseurs, mais par quelques manœuvres habiles, ils ont réussi à contrôler les réponses des noirs à la provocation. Non seulement ils ont frappé le noir, mais ils lui ont aussi dit comment réagir aux coups. Pendant une longue période, le noir a patiemment écouté les conseils qu’ils avaient reçus sur la manière de répondre aux coups. Avec une lenteur douloureuse, il commence maintenant à montrer des signes que c’est son droit et son devoir de répondre aux coups de la manière qui lui convient. »
Et nous, Palestiniens, nous avons décidé de répondre aux coups sionistes de la façon qui nous sied. Dans l’histoire de Ndebel citée plus haut, un intellectuel noir précise qu’« il préfèrerait être un chien affamé qui court librement dans les rues qu’un chien gras enchaîné, encombré de lui-même et du poids de ses chaînes. » Ces exemples, utilisés encore et encore dans la littérature anti-apartheid, résument les leçons que nous avons apprises de Gaza 2009. En un mot, c’est la résilience.
L’Archevêque Desmund Tutu d’Afrique du Sud a dit, dans sa sagesse si souvent citée : « Si vous êtes neutres dans des situations d’injustice, vous avez choisi le camp de l’oppresseur. » Et comme je l’ai dit dans un article précédent, alors que les forces israéliennes d’occupation bombardaient mon quartier, les Nations Unies, l’Union Européenne, la Ligue Arabe et la communauté internationale proche et lointaine sont restées silencieuses face aux atrocités commises par Israël apartheid. Elles sont donc du côté d’Israël. Des centaines de cadavres d’enfants et de femmes n’ont pas réussi à les convaincre d’intervenir.
Il ne nous reste donc qu’une option, une option qui n’attende pas le Conseil de Sécurité des Nations Unies ou les sommes arabes : l’option du pouvoir du peuple, comme nous ne cessons de le répéter. C’est le seul pouvoir capable de contrebalancer le déséquilibre de pouvoir massif du conflit israélo-palestinien.
L’horreur du régime raciste d’apartheid en Afrique du Sud a été combattue par une campagne soutenue de boycott, désinvestissement et sanctions amorcée en 1958, et qui a une accélération en 1960 après le Massacre de Sharpeville. Cette campagne a finalement abouti à l’effondrement du gouvernement blanc en 1994 et à l’établissement d’un Etat démocratique multiracial.
De la même manière, l’appel palestinien au boycott, au désinvestissement et aux sanctions a gagné du terrain depuis 2005. Gaza 2009, comme Sharpeville 1960, ne peut pas être ignoré : il exige une réponse de tous ceux qui croient en une commune humanité. Il est maintenant temps de boycotter l’Etat d’apartheid d’Israël, de désinvestir et de lui imposer des sanctions. C’est la seule façon d’assurer la création d’un Etat démocratique et laïque sur toute la Palestine historique, indépendamment de la race, de la religion et de l’appartenance ethnique. Le journaliste australien John Pilger l’a dit :
« Ce qui se passe à Gaza est le moment clé de notre temps, qui soit garantira l’impunité aux criminels de guerre par notre silence, pendant que nous tordrons nos propres intelligence et moralité, soit nous donnera le pouvoir de dénoncer. »
Gaza 2009, avec la mobilisation de masse et la solidarité internationale, devient donc le flambeau directeur, non seulement pour les Palestiniens, mais aussi pour le monde arabe, vers un nouveau Moyen Orient, un qui sera, contrairement à celui de Condoleezza Rice, caractérisé par la démocratie et la liberté. C’est au moins à cela que notre résistance à l’extrémisme religieux, la xénophobie et les positions mondiales tribales doit conduire.
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