La maison de la famille Jaber se trouve dans le quartier Sadiyya, à l’intérieur du quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem. C'est là qu'ont vécu, depuis 1930, trois membres de la famille Jaber, ainsi que la famille Karaki, avec leurs parents, et plus tard leurs épouses et leurs enfants. Comme la plupart des maisons de la Vieille Ville, l’espace résidentiel comprend une cour ouverte qui est partagée par les résidents de la maison.
Il y a six ans, la police israélienne est arrivée dans la maison et a dit à Nasser Jaber que sa maison n’appartenait plus à sa famille, mais à un colon israélien de l’organisation coloniale messianique d’extrême-droite Ateret Cohanim, dont l’idéologie raciste est strictement alignée sur celle du Kach, parti politique qui plaide pour l’expulsion des Palestiniens. Mais quand le tribunal colonial israélien a envoyé la police sur place pour enquêter, il a décidé que la maison appartenait, bien sûr, à la famille Jaber.
Le scénario s’est répété l’année suivante, en 2004, lorsque le juge est revenu enquêter sur qui était le propriétaire de la maison. Une fois encore, après avoir visité la maison et vu les documents, il a été décidé que la maison appartenait à la famille Jaber. Mais l’histoire ne s’est pas arrêté la.
Le 2 avril, pendant que Nasser était chez sa mère dans le quartier voisin de Wadi Joz, 42 colons israéliens de Ataret Cohanim, armés de fusils d’assaut M-16, ont enfoncé la porte de la maison et se sont emparés de l’appartement qui appartient à Hazem Jaber. Il était 2h30 du matin et ils aient aidé par les forces spéciales israéliennes.
La mosquée voisine a alerté les familles du secteur et une bataille s’en est suivie dans la rue. 20 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, ont été bastonnés par les forces spéciales et 7 ont été arrêtés, dont Nasser, ses frères et son fils. Sami Al-Jundi, un des voisins de Nasser qui a été matraqué, a observé : « Ils n’ont pas utilisé de balles réelles ou de grenades lacrymogènes. A la place, ils nous ont frappés avec des matraques et nous ont aspergés de gaz paralysant au poivre. Ils savent que si le sang palestinien est répandu dans les rues de la Vieille Ville, une troisième Intifada suivra. »
Umm Alaa Jaber, qui s’est mariée dans la famille il y a 55 ans, dont la noce et la naissance de ses 9 enfants ont eu lieu dans cette même maison, croit que la lutte pour la maison et le quartier vise à les forcer à se soumettre. Elle remarque : « C’est exactement comme à Gaza. Ce qui se passe ici est comme à Gaza. Celui qui bouge est tabassé. Et ils frappent les enfants pour qu’ils aient peur de lutter contre l’occupation. Maintenant, ils expriment leur haine à l’intérieur de notre maison. » La situation a été particulièrement dure pour les femmes des familles Jaber et Karaki, qui ont dû endurer que des hommes étrangers occupent leur maison et envahissent leur espace privé. Umm Alaa dit de ce calvaire : « Mes yeux sont fatigués de larmes. Mon cœur aussi. »
Avec deux colons israéliens occupant déjà illégalement des maisons palestiniens à quelques portes de la famille Jaber, une des maisons depuis les années 1980, les Palestiniens du quartier Sadiyya font ensemble des démarches pour que ce ne soit pas le sort de la maison Jaber. Ils ont d’abord réussi à foutre les colons dehors, mais la semaine dernière, le tribunal a décidé que chacune des familles – les Jaber et les colons – pourraient avoir des gardes dans la maison. C’est ainsi que Ateret Cohanim a envoyé des membres d’une compagnie de sécurité privée armés de M-16 pour garder l’appartement de Hazem Jaber, à l’intérieur de la maison. Les Palestiniens cependant ne sont pas légalement autorisés à avoir des armes, et il n’y a pas de compagnie privée de sécurité palestinienne qui pourrait protéger la famille Jaber. Bien que, selon les Jaber, le groupe israélien Peace Now ait promis d’envoyer des gardes, la famille dit qu’ils ne l’ont pas encore fait.
Nasser Jaber espérait que son audience au tribunal la semaine dernière aurait réaffirmé que sa maison appartient à sa famille. Au lieu de cela, la date de la prise de décision a été repoussée à cette semaine. C’est la troisième fois que le tribunal a reporté la décision depuis le 2 avril. Pour Nasser et sa famille, ainsi que pour les gens du quartier, ce n’est pas seulement la maison qui est en jeu. Nasser dit : « Lorsque nous parlons de la situation de notre maison, nous parlons aussi de la situation de tout le pays, dans chaque village, dans chaque maison. »
Bien sûr, la maison de la famille Jaber est un symbole de la lutte pour résister aux pratiques de nettoyage ethnique du régime colonialiste israélien. Contrairement aux quartiers voisins Silwan ou Sheikh Jarrah, où des centaines de familles palestiniennes ont reçu des ordres d’expulsion – parce que leurs maisons seront démolies pour que les colonisateurs israéliens puissent occuper la terre – à l’intérieur de la Vieille Ville, le rythme de cette annexion rampante est plus lent, mais tout aussi grave.
Dans la Vieille Ville, comme ailleurs, les tribunaux, la police et les colons travaillent de concert pour déposséder encore davantage les Palestiniens. Mais sans une force de police ou un système juridique qui protège les Palestiniens de Jérusalem, et sans la possibilité pour la plupart des Palestiniens de se rendre dans leur ville capitale, il est bien plus difficile pour les Palestiniens de résister à la mainmise de leurs maisons de la même manière coordonnée. Néanmoins, les Palestiniens, dans chacun de ces quartiers menacés, sont déterminés à se battre pour leur droit d’exister sur leur terre.
Ce qui est significatif dans la bataille de la famille Jaber pour sa maison est la façon dont cette lutte est emblématique du processus double qu’utilise Israël pour judaïser la terre : annexion rampante et négociations reportées. Depuis qu’Israël occupe la Cisjordanie et la Bande de Gaza, ainsi que les autres territoires arabes, le nettoyage ethnique a été constant mais lent, contrairement au déracinement de centaines de milliers de Palestiniens en 1948 et 1967. Une maison ou un quartier à la fois, les Palestiniens sont chassés de leur terre. Et tout comme la famille Jaber voit le tribunal repousser continuellement la décision sur sa maison, au cours des 16 dernières années, les Palestiniens ont fait l’expérience des réalités du processus d’Oslo comme d’un processus dilatoire.
Bien que pour trop de gens Oslo signifie « processus de paix », pour les Palestiniens, Oslo a été une escalade dans la confiscation de la terre, parmi d’autres. Sous Oslo, Israël a continuellement repoussé les négociations sur les questions centrales qui auraient conduit à une solution juste, en particulier sur le droit au retour des réfugiés palestiniens et Jérusalem.
Les Palestiniens du quartier Sadiyya ne savent que trop bien que retard signifie que les colonisateurs israéliens utilisent ce processus pour établir davantage de faits accomplis. Mais les habitants de Sadiyya ont juré de continuer leur résistance pour soutenir leurs voisins parce qu’ils savent que ce n’est pas seulement la lutte pour les Jaber, mais aussi pour leur ville, et pour leur pays.
Il y a six ans, la police israélienne est arrivée dans la maison et a dit à Nasser Jaber que sa maison n’appartenait plus à sa famille, mais à un colon israélien de l’organisation coloniale messianique d’extrême-droite Ateret Cohanim, dont l’idéologie raciste est strictement alignée sur celle du Kach, parti politique qui plaide pour l’expulsion des Palestiniens. Mais quand le tribunal colonial israélien a envoyé la police sur place pour enquêter, il a décidé que la maison appartenait, bien sûr, à la famille Jaber.
Le scénario s’est répété l’année suivante, en 2004, lorsque le juge est revenu enquêter sur qui était le propriétaire de la maison. Une fois encore, après avoir visité la maison et vu les documents, il a été décidé que la maison appartenait à la famille Jaber. Mais l’histoire ne s’est pas arrêté la.
Le 2 avril, pendant que Nasser était chez sa mère dans le quartier voisin de Wadi Joz, 42 colons israéliens de Ataret Cohanim, armés de fusils d’assaut M-16, ont enfoncé la porte de la maison et se sont emparés de l’appartement qui appartient à Hazem Jaber. Il était 2h30 du matin et ils aient aidé par les forces spéciales israéliennes.
La mosquée voisine a alerté les familles du secteur et une bataille s’en est suivie dans la rue. 20 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, ont été bastonnés par les forces spéciales et 7 ont été arrêtés, dont Nasser, ses frères et son fils. Sami Al-Jundi, un des voisins de Nasser qui a été matraqué, a observé : « Ils n’ont pas utilisé de balles réelles ou de grenades lacrymogènes. A la place, ils nous ont frappés avec des matraques et nous ont aspergés de gaz paralysant au poivre. Ils savent que si le sang palestinien est répandu dans les rues de la Vieille Ville, une troisième Intifada suivra. »
Umm Alaa Jaber, qui s’est mariée dans la famille il y a 55 ans, dont la noce et la naissance de ses 9 enfants ont eu lieu dans cette même maison, croit que la lutte pour la maison et le quartier vise à les forcer à se soumettre. Elle remarque : « C’est exactement comme à Gaza. Ce qui se passe ici est comme à Gaza. Celui qui bouge est tabassé. Et ils frappent les enfants pour qu’ils aient peur de lutter contre l’occupation. Maintenant, ils expriment leur haine à l’intérieur de notre maison. » La situation a été particulièrement dure pour les femmes des familles Jaber et Karaki, qui ont dû endurer que des hommes étrangers occupent leur maison et envahissent leur espace privé. Umm Alaa dit de ce calvaire : « Mes yeux sont fatigués de larmes. Mon cœur aussi. »
Avec deux colons israéliens occupant déjà illégalement des maisons palestiniens à quelques portes de la famille Jaber, une des maisons depuis les années 1980, les Palestiniens du quartier Sadiyya font ensemble des démarches pour que ce ne soit pas le sort de la maison Jaber. Ils ont d’abord réussi à foutre les colons dehors, mais la semaine dernière, le tribunal a décidé que chacune des familles – les Jaber et les colons – pourraient avoir des gardes dans la maison. C’est ainsi que Ateret Cohanim a envoyé des membres d’une compagnie de sécurité privée armés de M-16 pour garder l’appartement de Hazem Jaber, à l’intérieur de la maison. Les Palestiniens cependant ne sont pas légalement autorisés à avoir des armes, et il n’y a pas de compagnie privée de sécurité palestinienne qui pourrait protéger la famille Jaber. Bien que, selon les Jaber, le groupe israélien Peace Now ait promis d’envoyer des gardes, la famille dit qu’ils ne l’ont pas encore fait.
Nasser Jaber espérait que son audience au tribunal la semaine dernière aurait réaffirmé que sa maison appartient à sa famille. Au lieu de cela, la date de la prise de décision a été repoussée à cette semaine. C’est la troisième fois que le tribunal a reporté la décision depuis le 2 avril. Pour Nasser et sa famille, ainsi que pour les gens du quartier, ce n’est pas seulement la maison qui est en jeu. Nasser dit : « Lorsque nous parlons de la situation de notre maison, nous parlons aussi de la situation de tout le pays, dans chaque village, dans chaque maison. »
Bien sûr, la maison de la famille Jaber est un symbole de la lutte pour résister aux pratiques de nettoyage ethnique du régime colonialiste israélien. Contrairement aux quartiers voisins Silwan ou Sheikh Jarrah, où des centaines de familles palestiniennes ont reçu des ordres d’expulsion – parce que leurs maisons seront démolies pour que les colonisateurs israéliens puissent occuper la terre – à l’intérieur de la Vieille Ville, le rythme de cette annexion rampante est plus lent, mais tout aussi grave.
Dans la Vieille Ville, comme ailleurs, les tribunaux, la police et les colons travaillent de concert pour déposséder encore davantage les Palestiniens. Mais sans une force de police ou un système juridique qui protège les Palestiniens de Jérusalem, et sans la possibilité pour la plupart des Palestiniens de se rendre dans leur ville capitale, il est bien plus difficile pour les Palestiniens de résister à la mainmise de leurs maisons de la même manière coordonnée. Néanmoins, les Palestiniens, dans chacun de ces quartiers menacés, sont déterminés à se battre pour leur droit d’exister sur leur terre.
Ce qui est significatif dans la bataille de la famille Jaber pour sa maison est la façon dont cette lutte est emblématique du processus double qu’utilise Israël pour judaïser la terre : annexion rampante et négociations reportées. Depuis qu’Israël occupe la Cisjordanie et la Bande de Gaza, ainsi que les autres territoires arabes, le nettoyage ethnique a été constant mais lent, contrairement au déracinement de centaines de milliers de Palestiniens en 1948 et 1967. Une maison ou un quartier à la fois, les Palestiniens sont chassés de leur terre. Et tout comme la famille Jaber voit le tribunal repousser continuellement la décision sur sa maison, au cours des 16 dernières années, les Palestiniens ont fait l’expérience des réalités du processus d’Oslo comme d’un processus dilatoire.
Bien que pour trop de gens Oslo signifie « processus de paix », pour les Palestiniens, Oslo a été une escalade dans la confiscation de la terre, parmi d’autres. Sous Oslo, Israël a continuellement repoussé les négociations sur les questions centrales qui auraient conduit à une solution juste, en particulier sur le droit au retour des réfugiés palestiniens et Jérusalem.
Les Palestiniens du quartier Sadiyya ne savent que trop bien que retard signifie que les colonisateurs israéliens utilisent ce processus pour établir davantage de faits accomplis. Mais les habitants de Sadiyya ont juré de continuer leur résistance pour soutenir leurs voisins parce qu’ils savent que ce n’est pas seulement la lutte pour les Jaber, mais aussi pour leur ville, et pour leur pays.
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