Alors qu’Israël en liesse commémore ses 61 ans d’existence, les Palestiniens continuent de se demander ce que l’avenir leur réserve. Leur rêve d’une solution à deux Etats semble s’estomper chaque jour un peu plus alors qu’Israël crée sans arrêt de nouveaux « faits accomplis » sur le terrain pour rendre ce rêve pratiquement irréalisable. Pourtant, la direction palestinienne a posé les armes en dépit des obstacles incessants et des impasses, répétant qu’elle vivra côte à côte avec Israël.
Comme si ce n’était pas un objectif suffisamment coriace à atteindre, le nouveau Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est en train de le rendre encore plus inaccessible. Les Palestiniens, dit-il, doivent reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, quel que soit le type de « négociations de paix ». Autrement dit, pas d’arrangement.
Le président Mahmoud Abbas a réagi avec rapidité, efficacité et pertinence. « Ce n’est pas mon boulot de donner une qualification à l’Etat. Vous n’avez qu’à le nommer vous-mêmes République socialiste hébraïque ; ce n’est pas mes oignons ! » a-t-il déclaré le 27 avril à Ramallah. « Je ne l’accepte pas. »
Il y a tant de calques et d’intentions sous-jacentes derrière cet argument qu’il serait difficile de les définir en si peu de temps. Mais contentons-nous de quelques points parmi les plus décisifs : pourquoi Netanyahu a-t-il exigé cela, et aussi pourquoi les Palestiniens n’en tiendront pas compte.
Auparavant, pourtant, il faut qu’une chose soit claire. Le Premier ministre Netanyahu n’a laissé aucune illusion sur ses intentions à soutenir ou aider à la création d’un Etat palestinien. Il s’est toujours opposé à toute entité politique palestinienne souveraine et, contrairement à beaucoup de ses prédécesseurs soi-disant de gauche, il n’a pas peur de le dire. Depuis sa prise de fonction, Netanyahu a éludé tout référence claire à un Etat palestinien, préférant dire qu’il « travaillerait à la paix » ou qu’il présenterait un projet économique pour les Palestiniens en tant que solution. Fondamentalement, Netanyahu qui fut pour la première fois Premier ministre en 1996 adopte la même approche à l’égard de ses voisins indésirables : les calmer avec des appas économiques et étouffer chez eux toute aspiration politique jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à négocier.
Maintenant qu’il est sur la sellette à nouveau, Netanyahu a besoin de nouvelles méthodes de blocage. Historiquement, Israël se doit de répondre aux Etats-Unis, au moins par principe diplomatique et aussi parce que le président Barack Obama n’est pas tout à fait George W. Bush. Indépendamment de savoir si Obama va être en mesure de marquer une différence significative dans un processus de paix gravement mis à mal, il s’efforce en tout cas de s’impliquer personnellement dans le conflit. Pratiquement dès le premier jour, il a envoyé dans la région George Mitchell, le désignant comme son émissaire spécial pour le Moyen-Orient, et maintenant il fait venir les dirigeants de la région à Washington le mois prochain pour discuter de son « projet de gestes de bonne volonté ». Ainsi, en l’état des choses, Netanyahu devait se montrer inventif pour trouver la façon ne pas prendre le train américain en marche pour l’inclusion.
D’où le préalable de l’Etat juif. En exigeant des Palestiniens de reconnaître Israël comme la patrie des juifs, Netanyahu abolit en fait tout droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers d’origine, d’où ils furent expulsés en 1948. Netanyahu, comme tout dirigeant israélien, a bien conscience qu’il s’agit de l’une des exigences de fond des Palestiniens, devenue aussi l’un des points de désaccord les plus épineux dans les négociations bilatérales. Ainsi, s’il parvient à arracher aux Palestiniens cette reconnaissance d’un Etat juif, il aura marqué un point décisif pour Israël pour n’importe quel type d’accord définitif avec nous.
Et c’est bien sûr pour cela précisément que les Palestiniens n’accepteront pas ce préalable. Le président Abbas a eu raison de le tuer dans l’œuf dès le départ, parce que la moindre négociation engagée sur ce point aurait eu pour effet d’édulcorer les demandes palestiniennes sur le droit au retour, un droit inscrit dans la législation internationale. Historiquement, Israël a toujours rejeté le droit au retour en raison de ses implications sur le caractère juif d’Israël, bien que ce soit le plus vieux problème de réfugiés restant à ce jour.
D’une manière ou d’une autre, Israël a néanmoins vendu sa cause au monde entier. Les juifs avaient besoin d’une patrie après les horreurs de l’Holocauste et leur longue histoire de persécutions, de pogroms et d’exclusions. Ils s’étaient déjà créés des liens religieux et spirituels dans le pays et ils ont commencé à s’implanter sur cette terre dès le changement de siècle. La Palestine, semblait-il, était la solution idéale pour les juifs. Donc, le sionisme était né.
Au milieu de toutes ces justifications émotionnelles pour que la Palestine devienne une patrie exclusive pour les juifs, le monde tend à oublier que les Palestiniens sont innocents de tout ce qui précède. Ceux qui ont labouré la terre pendant des décennies, la transmettant de père en fils pendant des générations, n’étaient pas impliqués dans le projet sinistre d’Hitler, mais au bout du compte ils paient le prix de la solution, c’est-à-dire que des milliers de Palestiniens ont été massacrés entre les mains des bandes juives, et des centaines de milliers expulsés de leurs foyers à jamais.
Le lien Holocauste/Palestine est devenu si inextricable au regard des réalités politiques d’aujourd’hui que même les Israéliens paient le prix quand ils en doutent. L’autre jour, un guide de Yan Vashem, le mémorial de l’Holocauste, a été congédié parce qu’il avait osé parler du massacre de Deir Yassin au cours de l’une de ses visites guidées. « L’Holocauste nous a amenés à créer un Etat juif et le trauma de la nation palestinienne amène celle-ci à rechercher une autodétermination, une identité, une terre et une dignité, tout comme le sionisme les a recherchées, » avait-il dit. La position du mémorial fut de dire, « L’Holocauste ne peut être comparé à aucun autre évènement. »
Donc, quand Netanyahu exige qu’Israël soit reconnu comme Etat juif, il rattache cette exigence à une histoire profonde et chargée d’émotions dont nous refuserons toujours de prendre la responsabilité, et particulièrement en raison du refus d’Israël d’assumer sa responsabilité dans le sort des réfugiés palestiniens. Les Palestiniens n’ont aucun intérêt à mettre en parallèle leur sort avec celui des juifs de la Deuxième Guerre mondiale. C’est l’histoire des juifs, c’est leur souffrance à laquelle tout être humain compatit étant donné son ampleur. Cela ne signifie pas pour autant qu’Israël puisse dénier notre histoire ainsi que notre souffrance née directement et à cause de l’implantation de cet Etat juif autoproclamé. Il serait simplement juste qu’avant que Netanyahu ne demande aux Palestiniens de reconnaître le caractère de son pays, Israël répare d’abord les injustices que son pays a infligées à une population innocente, il y a 61 ans. N’est-ce pas ce qu’Israël exige du reste du monde ?
Comme si ce n’était pas un objectif suffisamment coriace à atteindre, le nouveau Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, est en train de le rendre encore plus inaccessible. Les Palestiniens, dit-il, doivent reconnaître Israël en tant qu’Etat juif, quel que soit le type de « négociations de paix ». Autrement dit, pas d’arrangement.
Le président Mahmoud Abbas a réagi avec rapidité, efficacité et pertinence. « Ce n’est pas mon boulot de donner une qualification à l’Etat. Vous n’avez qu’à le nommer vous-mêmes République socialiste hébraïque ; ce n’est pas mes oignons ! » a-t-il déclaré le 27 avril à Ramallah. « Je ne l’accepte pas. »
Il y a tant de calques et d’intentions sous-jacentes derrière cet argument qu’il serait difficile de les définir en si peu de temps. Mais contentons-nous de quelques points parmi les plus décisifs : pourquoi Netanyahu a-t-il exigé cela, et aussi pourquoi les Palestiniens n’en tiendront pas compte.
Auparavant, pourtant, il faut qu’une chose soit claire. Le Premier ministre Netanyahu n’a laissé aucune illusion sur ses intentions à soutenir ou aider à la création d’un Etat palestinien. Il s’est toujours opposé à toute entité politique palestinienne souveraine et, contrairement à beaucoup de ses prédécesseurs soi-disant de gauche, il n’a pas peur de le dire. Depuis sa prise de fonction, Netanyahu a éludé tout référence claire à un Etat palestinien, préférant dire qu’il « travaillerait à la paix » ou qu’il présenterait un projet économique pour les Palestiniens en tant que solution. Fondamentalement, Netanyahu qui fut pour la première fois Premier ministre en 1996 adopte la même approche à l’égard de ses voisins indésirables : les calmer avec des appas économiques et étouffer chez eux toute aspiration politique jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien à négocier.
Maintenant qu’il est sur la sellette à nouveau, Netanyahu a besoin de nouvelles méthodes de blocage. Historiquement, Israël se doit de répondre aux Etats-Unis, au moins par principe diplomatique et aussi parce que le président Barack Obama n’est pas tout à fait George W. Bush. Indépendamment de savoir si Obama va être en mesure de marquer une différence significative dans un processus de paix gravement mis à mal, il s’efforce en tout cas de s’impliquer personnellement dans le conflit. Pratiquement dès le premier jour, il a envoyé dans la région George Mitchell, le désignant comme son émissaire spécial pour le Moyen-Orient, et maintenant il fait venir les dirigeants de la région à Washington le mois prochain pour discuter de son « projet de gestes de bonne volonté ». Ainsi, en l’état des choses, Netanyahu devait se montrer inventif pour trouver la façon ne pas prendre le train américain en marche pour l’inclusion.
D’où le préalable de l’Etat juif. En exigeant des Palestiniens de reconnaître Israël comme la patrie des juifs, Netanyahu abolit en fait tout droit au retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers d’origine, d’où ils furent expulsés en 1948. Netanyahu, comme tout dirigeant israélien, a bien conscience qu’il s’agit de l’une des exigences de fond des Palestiniens, devenue aussi l’un des points de désaccord les plus épineux dans les négociations bilatérales. Ainsi, s’il parvient à arracher aux Palestiniens cette reconnaissance d’un Etat juif, il aura marqué un point décisif pour Israël pour n’importe quel type d’accord définitif avec nous.
Et c’est bien sûr pour cela précisément que les Palestiniens n’accepteront pas ce préalable. Le président Abbas a eu raison de le tuer dans l’œuf dès le départ, parce que la moindre négociation engagée sur ce point aurait eu pour effet d’édulcorer les demandes palestiniennes sur le droit au retour, un droit inscrit dans la législation internationale. Historiquement, Israël a toujours rejeté le droit au retour en raison de ses implications sur le caractère juif d’Israël, bien que ce soit le plus vieux problème de réfugiés restant à ce jour.
D’une manière ou d’une autre, Israël a néanmoins vendu sa cause au monde entier. Les juifs avaient besoin d’une patrie après les horreurs de l’Holocauste et leur longue histoire de persécutions, de pogroms et d’exclusions. Ils s’étaient déjà créés des liens religieux et spirituels dans le pays et ils ont commencé à s’implanter sur cette terre dès le changement de siècle. La Palestine, semblait-il, était la solution idéale pour les juifs. Donc, le sionisme était né.
Au milieu de toutes ces justifications émotionnelles pour que la Palestine devienne une patrie exclusive pour les juifs, le monde tend à oublier que les Palestiniens sont innocents de tout ce qui précède. Ceux qui ont labouré la terre pendant des décennies, la transmettant de père en fils pendant des générations, n’étaient pas impliqués dans le projet sinistre d’Hitler, mais au bout du compte ils paient le prix de la solution, c’est-à-dire que des milliers de Palestiniens ont été massacrés entre les mains des bandes juives, et des centaines de milliers expulsés de leurs foyers à jamais.
Le lien Holocauste/Palestine est devenu si inextricable au regard des réalités politiques d’aujourd’hui que même les Israéliens paient le prix quand ils en doutent. L’autre jour, un guide de Yan Vashem, le mémorial de l’Holocauste, a été congédié parce qu’il avait osé parler du massacre de Deir Yassin au cours de l’une de ses visites guidées. « L’Holocauste nous a amenés à créer un Etat juif et le trauma de la nation palestinienne amène celle-ci à rechercher une autodétermination, une identité, une terre et une dignité, tout comme le sionisme les a recherchées, » avait-il dit. La position du mémorial fut de dire, « L’Holocauste ne peut être comparé à aucun autre évènement. »
Donc, quand Netanyahu exige qu’Israël soit reconnu comme Etat juif, il rattache cette exigence à une histoire profonde et chargée d’émotions dont nous refuserons toujours de prendre la responsabilité, et particulièrement en raison du refus d’Israël d’assumer sa responsabilité dans le sort des réfugiés palestiniens. Les Palestiniens n’ont aucun intérêt à mettre en parallèle leur sort avec celui des juifs de la Deuxième Guerre mondiale. C’est l’histoire des juifs, c’est leur souffrance à laquelle tout être humain compatit étant donné son ampleur. Cela ne signifie pas pour autant qu’Israël puisse dénier notre histoire ainsi que notre souffrance née directement et à cause de l’implantation de cet Etat juif autoproclamé. Il serait simplement juste qu’avant que Netanyahu ne demande aux Palestiniens de reconnaître le caractère de son pays, Israël répare d’abord les injustices que son pays a infligées à une population innocente, il y a 61 ans. N’est-ce pas ce qu’Israël exige du reste du monde ?
ليست هناك تعليقات:
إرسال تعليق